Il y a des informations qui, si elles ne changent rien aux faits, rassurent… Je souffre de prosopagnosie… Ce n’est pas grave mais handicapant ! Ne vous inquiétez pas trop, vous en saurez plus en lisant les lignes ci-dessous…
Depuis longtemps je ne reconnais personne… On me dit que je ne suis pas physionomiste… mais, à ce point !
Je travaille avec certaines personnes et je mets des mois à les reconnaitre, à mettre un nom sur le visage… Bien-sûr, mon « atteinte » est faible, ma prosopagnosie de petite importance… Je reconnais ma mère, mes enfants et mes amis… Mais je suis capable de rencontrer dans la rue quelqu’un que j’ai eu en consultation une heure avant et lui demander comment il va !
Dans mon travail, je peux serrer la main deux fois à des gens qui se fâchent car ils pensent que « je ne fais pas attention à eux ! » Quand je faisais de la politique, je ne reconnaissais jamais personne dans la rue ! Handicapant… Et au cabinet médical, la carte vitale avec la photo a été pour moi une libération… Avant, j’avais des patients que je voyais chaque semaine et qui supportaient difficilement que je ne me souvienne pas de leur nom… « Mais on s’est vu avant-hier, docteur… »
Bref c’est un petit trouble mais handicapant. Les gens pensent qu’on les méprise, qu’on ne fait pas attention à eux, qu’on est hautain, prétentieux… Parfois on discute 30 mn avec quelqu’un sans savoir qui il est, en tentant de dépister des indices nous aidant… Parfois on reconnait un visage mais sans savoir de qui il s’agit… Vraiment gênant…
Aussi quand j’ai lu sur l’article d’UNIVADIS un site médical, que 2,5% de la population souffrait de ce trouble j’ai été un peu rassuré… Je ne suis pas seul ! Et j’ai pensé que ce petit article rassurerait certains de mes lecteurs ou patients !
L’article d’UNIVADIS du 21 juillet 2015 :
Qu’est-ce que la prosopagnosie ?
La prosopagnosie est un trouble peu connu qui touche pourtant 2,5 % de la population selon une étude allemande de 2006. Les personnes concernées ont de grandes difficultés à reconnaître les visages et recourent le plus souvent à des subterfuges pour identifier leur interlocuteur. Elles peuvent même être incapables de se souvenir des traits de leurs propres conjoints et enfants dans les cas les plus graves, qui font généralement suite à une lésion cérébrale. Lorsque la prosopagnosie est congénitale, l’impossibilité totale de reconnaissance est plus rare et il s’agit plutôt de gêne pour identifier les connaissances du « troisième cercle », hors famille et amis. Dans une récente interview, l’acteur Brad Pitt a avoué souffrir de ce trouble, source d’isolement dans son cas. La primatologue Jane Goodall en est également atteinte. Le Nouvel Observateur publie, cette semaine, le témoignage de Charlotte, prosopagnosique, qui a longtemps cru souffrir d’un Alzheimer précoce et ciblé, avant de mettre un nom sur ses difficultés. Elle explique que « ne pas reconnaître les autres est plus qu’un handicap, c’est une faute dans ce monde assoiffé de reconnaissance, à commencer par celle de son visage ». Sa carrière professionnelle a été freinée par cette incapacité à mémoriser les visages rendant impossible le « réseautage », à une époque où cette pratique est incontournable. Elle est aussi régulièrement source de stress, la situation la plus angoisse étant « la rencontre impromptue, le : « Tiens, bonjour, comment tu vas ? » » d’après l’intéressée. Elle a néanmoins développé certains talents compensatoires : « Il paraît qu’il faut 40 millisecondes pour qu’un cerveau identifie un visage. Sans aller aussi vite je sais enclencher et faire hurler le moteur de ma machine à identifier : je sais faire les mimiques convenues, dire les mots qui, l’air de rien, soumettent l’interlocuteur à la question pour qu’il me livre en un temps records les informations suffisantes », explique-t-elle ainsi.
Un trouble difficilement accepté, pour trois raisons (extrait de l’article du Nouvel Observateur…) La prosopagnosie reste aujourd’hui un trouble encore difficilement accepté. Quand on est incapable de reconnaître un visage, la personne non reconnue se montre en général sceptique et peu indulgente. Je pense que c’est dû à trois raisons : 1. La prosopagnosie est un trouble peu connu. Les gens ne savent pas de quoi il s’agit : on parle beaucoup des troubles de la mémoire mais rarement de ceux touchant spécifiquement les visages. 2. C’est un handicap invisible. Quand quelqu’un bégaie ou inverse les mots, on l’entend, on le remarque tout de suite. Alors que quelqu’un qui ne reconnaît pas notre visage, ça ne se voit pas, c’est plus difficile à déceler. Les gens peuvent le prendre mal, ils pensent que la personne est hautaine et ils se vexent. 3. C’est très difficile également pour les personnes qui en souffrent car il n’y a pas de normes pour la prosopagnosie. A l’école, on nous apprend à lire, à écrire, à compter et on passe des tests pour savoir où se situent nos capacités. Mais jamais on ne teste nos capacités à reconnaître les visages. Les personnes qui ont ce trouble suite à un accident savent que ce n’est pas normal car elles voient bien qu’avant elles pouvaient reconnaître les personnes mais que ce n’est plus le cas. Alors que les personnes souffrant de ce trouble depuis la naissance ne savent pas où se situent la norme. Elles peuvent penser que tout le monde est dans le même cas et éprouve des difficultés avec les visages, tout comme elles. C’est probablement cette conjonction de raisons qui fait de la non reconnaissance des visages un trouble encore largement non reconnu. |