Être en surpoids, voire obèse, ne serait pas si mauvais pour la santé…

par | Avr 28, 2019 | Nutrition, Santé

Voici un article intéressant tiré du site Univadis :

L’excès de poids est classiquement considéré comme un facteur de risque de maladies chroniques. Néanmoins, plusieurs études prospectives ont montré que le surpoids, défini par un indice de masse corporel (IMC=Poids (kg) /Taille (m)²) légèrement supérieur à la normale, n’est pas associé à une augmentation du risque de décès prématuré.

Une revue de la littérature,avec une méta-analyse, vient maintenant regrouper les données disponibles pour examiner en profondeur la relation entre l’IMC et la mortalité. Un total de 97 études prospectives répondait aux critères de recherche définis par les auteurs,incluant 2,88 millions de sujets et 270 000 décès. Dans la plupart des cas, le poids et la taille avaient été recueillis de façon déclarative. Les individus ont été classés selon leur IMC en quatre catégories : « poids normal » (IMC entre 18,5 et 25), surpoids (IMC entre 25 et 30), obésité de grade I (IMC entre 30 et 35), obésité de grade 2 (IMC entre 35 et 40) et obésité de grade III : IMC >= 40. Les résultats confirment les impressions antérieures, montrant même une association inverse entre le surpoids et le risque vital : avoir un IMC entre 25 et 30 est associé à une réduction de 6 % (Hazard ratio [HR] : 0,96 intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,91-0,96) des décès précoces. En outre, les obèses grades I ne meurent pas davantage que les sujets de poids normal (HR : 0,95 ; IC : 0,88-1,01). Seules les obésités plus massives (grade II et III) sont associées à une augmentation de la mortalité : +29 % (HR : 1,29, IC : 1,18-1,41). Bien entendu, le type d’ajustement peut influer sur les résultats. Toutefois,l’exclusion des études ayant effectué un « surajustement » (ajustement sur la pression artérielle, sur les paramètres lipidiques…) modifiait peu les résultats. La robustesse de ces derniers est également confirmée par d’autres analyses de sensibilité.

Des kilos métaboliquement sains

Ces résultats sont clairs, mais il faut être très prudent dans leur interprétation. Notamment, il convient de préciser que seule la mortalité a été prise en compte et non la morbidité. On ne peut donc pas conclure quant à la relation entre l’obésité et le risque de développer des pathologies altérant la qualité de vie. Par ailleurs, le biais de la rétro-causalité n’est pas écarté : certains sujets peuvent être plus minces car ils sont déjà malades et non l’inverse. Enfin, aucune donnée clinique ou biologique autre que l’IMC n’est disponible dans cette étude pour préciser quelle est la nature des kilogrammes en trop. On sait que l’IMC dépend du poids, mais aucunement « du contenu des kilogrammes ». Ainsi, une surcharge pondérale définie par l’IMC ne distingue pas une masse élevée de muscle d’un excès de graisse viscérale ni d’une quantité importante de graisse sous cutanée gynoïde (inoffensive sur le plan cardiométabolique).

La conclusion pratique, raisonnable, de cette étude est de recommander la mesure du tour de taille, la réalisation d’examens biologiques et d’évaluer les aptitudes physiques en cas d’IMC modérément élevé.

Cela permet de distinguer, au niveau individuel, un surpoids « métaboliquement sain » à faible risque voire protecteur, d’un excès de poids « métaboliquement dangereux » justifiant une prise en charge adaptée précoce.Ces résultats justifient donc pleinement les concepts du syndrome métabolique et de « tour de taille hypertriglycéridémiant », comme outils nécessaires pour prévenir les maladies chroniques.

Flegal KM et coll. : Association of all-cause mortality with overweight and obesity using standard body mass index categories : a systematic review and meta-analysis. JAMA. 2013 ; 309 : 71-82.

Byjiss

Byjiss

Médecin du Sport & nutritionniste

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Médecin du Sport & nutritionniste