Un de nos lecteurs relève une phrase de mon dernier article « Dévorer gloutonnement un pot de Nutella est parfaitement naturel… », manière de poser une question qui semble pleine de suspicions « Plus fort contre le cancer ? »…
Il n’est pas question de donner d’irréalistes espoirs à de nombreux patients, victimes de cette maladie, mais il faut tout de même préciser quelques éléments. Notre article essaiera donc de répondre à trois questions :
- Comment le jeûne pourrait-il lutter contre le cancer ?
- Y a-t-il des études fiables confirmant cette option ?
- En pratique, que conseiller ?
Comment le jeûne pourrait-il lutter contre le cancer ?
Les cellules cancéreuses sont des cellules devenues « folles »… Elles ne prennent plus les informations extérieures qui doivent normalement régler leur croissance, leur action, leur vie et deviennent « indépendantes », vivant de leur propre vie, aux dépens de l’organisme qui les héberge. Ainsi, une cellule, normalement, arrête sa croissance quand sa paroi extérieure touche une autre cellule. Une cellule de la peau, par exemple, cesse de se développer, de se multiplier, quand elle rentre en contact avec une autre cellule cutanée. S’il n’y a pas de contact, cela veut dire qu’il y a une brèche dans la peau, et la cellule se multiplie pour combler la plaie… Donc, la cellule cutanée normale prend des informations extérieures « Suis-je en contact avec d’autres cellules ? » et en déduit son « comportement » : je continue ma multiplication ou pas… Par contre, une cellule cancéreuse ne prend plus en compte ce genre d’information ; même au contact d’autres cellules, sa croissance ne cesse pas, elle continue à se multiplier. C’est pour cela que les cancers cutanés forment des excroissances puis des boursouflures puis des tumeurs…
En période de jeûne, les cellules normales prennent des décisions de survie. L’énergie disponible venant à manquer, elles réduisent leurs dépenses, elles économisent… Elles diminuent leur multiplication par exemple. Ainsi, en période de jeune, on est plus frileux. Cela est dû au fait que la « digestion » produit des calories mais aussi au fait que l’organisme, pour ne pas dépenser d’énergie inutilement, descend la température du corps en dessous des valeurs normales (exactement comme vous quand, pour diminuer vos factures de chauffage, donc, votre dépense énergétique, vous descendez le thermostat entre 20 et 19°c.) Les cellules cancéreuses, elles, sont incapables d’entendre les informations extérieures. En période de carence énergétique comme en période de bombance, elles continuent à se multiplier. Mais, n’ayant pas les « ressources » suffisantes pour le faire bien, elles produisent des cellules cancéreuses plus faibles, plus fragiles qui peuvent mourir…
Y a-t-il des études fiables confirmant cette option ?
Cela, c’était la théorie… Ce que l’on lisait dans les livres, ce que prônaient les adeptes du jeûne… Quelques éléments « cliniques » semblaient confirmer ces données, mais pas de véritables preuves scientifiques… Mais, en février 2012, une étude expérimentale américaine a étudié les effets du jeûne sur des souris atteintes de cancer, « Fasting cycles retard growth of tumors and sensitize a range of cancer cell types to chemotherapy » (des cycles de jeûne retardent la croissance des tumeurs et sensibilisent les cellules cancéreuses à la chimiothérapie). Les résultats sont clairs :
Deux périodes de jeûne retardent le développement des cellules cancéreuses aussi efficacement que la chimiothérapie ; et l’ajout d’un jeûne à une chimiothérapie rend cette dernière plus efficace.
Plusieurs périodes de jeûnes successives augmentent l’efficacité de la chimiothérapie comme en témoigne la survie supérieure des souris qui « jeûnent » par rapport à celle qui sont normalement nourries…
Le jeûne, in vitro, est efficace. Il favorise l’expression des gênes qui régulent la croissance des cellules et réduit le nombre de cellules cancéreuses.
Enfin, in vitro encore, le jeûne renforce la chimiothérapie en augmentant les cassures d’ADN dans les cellules cancéreuses.
Cette étude est une révolution. En particulier, elle démontre la survie de souris atteintes de glioblastomes, cancer tout le temps fatal en son absence…
Cette étude confirme l’impression « clinique » de certains thérapeutes. En effet, lors de l’évolution des cancers, l’alimentation devient parfois très difficile. On recourt alors à des méthodes permettant soit de courcircuiter des obstacles à l’alimentation, soit de donner de la nourriture à des gens qui n’ont pas envie de manger (alimentation par les « veines », aliments hyper-caloriques ou hyper-protidiques). Cela est conforme à l’idée qu’il faut « renforcer le malade » pour lui permettre de lutter contre le cancer. Or, bien souvent, l’on constate que malgré la nutrition (à cause de la nutrition ?), le patient continue à se dégrader… Certains pensent que c’est le résultat de l’évolution inéluctable du cancer, d’autres y voient la preuve que, parfois, l’on nourrit plus les cellules cancéreuses qui deviennent ainsi plus fortes, que les cellules saines…
En pratique, que conseiller ?
Bien sûr, il faut se garder de toute précipitation qui ferait que tous les cancéreux arrêteraient de manger… Cela serait probablement une catastrophe pour un grand nombre d’entre eux… Les études sur l’animal ne sont pas transposables facilement à l’homme. Je vous conseille la lecture d’un site très sérieux sur le cancer, http://www.cancer-environnement.fr, qui consacre un article sur le sujet. « Point sur le jeûne thérapeutique et ses effets combinés avec la chimiothérapie » est intéressant. Pourtant, on pourrait objecter aux rédacteurs, que la principale opposition qu’ils font au jeûne, c’est que plusieurs études démontrent que la dénutrition est associée à la mortalité cancéreuse… « Il est en effet essentiel pour les patients d’éviter la dénutrition » disent-ils… C’est vrai ! Sauf que le jeûne n’entraîne pas de dénutrition s’il est fait dans des conditions médicalisées…
S’il n’est pas certain que le jeûne puisse favoriser la guérison de cancers, il est prouvé que le jeûne a une action sur les cellules cancéreuses. Il serait ainsi très utile, en prévention, pour fragiliser des tumeurs naissantes et les faire disparaître avant qu’elles ne se multiplient et deviennent incurables. Il renforce l’efficacité des défenses naturelles contre le cancer. Un jeûne annuel participerait à la diminution du risque de subir un cancer…
Pour les malades victimes de cancers, il serait bon que des « spécialistes » se penchent, sans à priori, sur l’utilité du jeune dans l’arsenal thérapeutique. Des études sont en cours, mais attendre leurs résultats, dans certaines pathologies désespérées, peut sembler déraisonnable…
Voilà mon point de vue sur ce problème… Il y a de nombreuses questions sans réponse… Pourtant, je pense que le jeûne peut être un excellent moyen de prévention chez les personnes encore apparemment saines. C’est en ce sens que je disais, et que je dis encore, que jeûner rend plus fort contre le cancer… À condition, bien sûr, d’éviter les facteurs cancérogènes connus comme le tabac ou l’alcool… CQFD !