Proprioception, sensibilités tactiles et autres futilités utiles pour se préserver des blessures…
Ceux qui ont déjà assisté à un accouchement le savent bien, sauf exception, l’homme ne naît pas avec une paire de chaussures aux pieds !
Les fabricants de chaussures ne doivent pas encore avoir eu cette information, puisqu’ils nous expliquent à longueur de journée que leurs « chaussures » se rapprochent de la « nature », qu’elles apportent de la « sécurité » et qu’elles permettent de lutter contre les « tendinites »… Diverses billevesées plus destinées à renforcer la vente que la connaissance et qui oublient justement la « nature »…
Le fait de mettre des chaussures ajoute une protection certes, mais surtout un filtre aux informations fournies au corps par le contact de la plante du pied avec le sol.
Redisons-le, l’homme est parfaitement adapté à la course à pied, c’est même l’animal qui peut courir le plus longtemps et le plus loin sans s’arrêter… Mais son adaptation est une adaptation « pieds nus »… La présence de chaussures filtre les informations qui remontent du pied vers le cerveau. Ces informations sont multiples :
Informations proprioceptives qui informent le corps sur sa position dans l’espace.
Informations sensitives qui disent au corps la nature du terrain pour qu’il adapte sa course à celui-ci.
Information sur la température, l’humidité, qui, elles aussi, permettent des adaptations indispensables.
Parlons un peu de la proprioception. « La proprioception (du latin proprius signifiant « propre » et du mot « perception ») désigne l’ensemble des récepteurs, voies et centres nerveux impliqués dans la somesthésie (sensibilité profonde), qui est la perception de soi-même, consciente ou non, c’est-à-dire de la position des différents membres et de leur tonus. » (voir Proprioception) Les informations qui viennent des muscles, des tendons, des articulations, vous permettent ainsi de dire si votre bras est plié ou étendu… et vous n’avez pas besoin d’ouvrir les yeux pour le savoir.
Les informations sensitives périphériques sont, elles aussi, tout à fait importantes. Elles permettent d’adapter parfaitement les centres de l’équilibre, le tonus musculaire périphérique et le regard, à la situation exacte. Ainsi, pieds nus, vous glisseriez moins sur sol gelé ou boueux, vous auriez plus d’équilibre sur des sentiers difficiles (les funambules ne mettent pas des chaussures de marche) et vous auriez moins le vertige…
Tout ça pour dire que les informations venant du pied sont indispensables à l’exercice physique.
Malheureusement, nous mettons des chaussures, des semelles, des talonnettes, etc.…
Sans vouloir me fâcher avec mes amis de « running » ou avec mes potes podologues, je pense que, la plupart du temps, ces « objets » font plus de mal que de bien.
Ainsi, pendant des années, on nous a bassinés avec le concept « d’amorti »… Les chaussures de sport devaient être de plus en plus amorties, car le choc des foulées nuisait à l’organisme. Je vois venir à mon cabinet des gens souffrant du dos à qui on a interdit, depuis des lustres, de courir, sous prétexte que cela aggraverait leur maladie. Ce qui est faux, à long terme, la course à pied en améliorera la majorité… (On y reviendra ! mais on peut lire « L’arthrose n’est pas causée par l’usure des cartilages » pour commencer à comprendre). Je vois des coureurs dépenser des sommes folles pour avoir les chaussures les plus amorties possibles, se torturer l’esprit pour savoir s’ils sont plutôt « pronateurs » ou « supinateurs », conceptions n’existant que dans la tête des responsables marketing… ou s’échiner à corriger une « jambe plus courte que l’autre » qui, elle, n’existe que dans le cerveau torturé et un tantinet sadique du radiologue…
Résultats, avec toutes ses prothèses artificielles, nos coureurs font « tendinites » et lésions musculaires à répétition…
Rappelons-le, pour adapter son corps à la situation, pour adapter son corps au terrain, rien ne vaut les informations des pieds… il faut donc éviter de mettre trop « d’amorti » dans vos chaussures et d’incliner en supination, en pronation, en flexion plantaire ou dorsale… votre pauvre pied…
Pour cela, je donne quelques conseils à mes coureurs qui donnent quasiment tout le temps de bons résultats : 1- Donnez les semelles que vous portez à quelqu’un à qui vous voulez du mal ! 2- Changez vos chaussures le moins souvent possible et uniquement lorsque leur usure est incompatible avec la pratique du sport. 3- Courrez 400 mètres, pieds nus, après chaque séance de course. Essayez, vous verrez, ça marche mieux ainsi ! |